Arts et culture pour tous

Parce que l'art nourrit la compréhension du monde. Sur le Net, veille informative et actualité des expositions, interactivité et convivialité autour des oeuvres. Ou en direct, histoire des arts en cours du soir et sorties culturelles. Pour participer à des visites d'expositions, de galeries et de musées, découvrir des ateliers d'artistes, rencontrer d'autres amateurs d'art et échanger dans un espace propice au dialogue.

Nom :
Lieu : Montpellier, Hérault, France

Nos propositions s’appuient sur des recherches personnelles complétant un parcours universitaire, une pratique et une formation en arts plastiques privilégiant l’approche des arts dits contemporains, une spécialisation en histoire de l’art médiéval. Ces complémentarités associées à l’intervention auprès de publics diversifiés fondent notre action au service de l’éducation populaire.

mardi 10 octobre 2006

Si vous avez manqué notre deuxième séance à Lunel

L’actualité des expositions traitée en début de séance, après des arrivées tardives nous ayant quelque peu décalés, et priorité étant donnée à l’expression de chacun face à l’œuvre, le programme prévu n’a pu être tenu dans son intégralité. Il sera par conséquent poursuivi à la prochaine séance.
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Actu : En ce qui concerne l’actualité des expositions, retenons qu’est proposée 4 fois par an, une manifestation locale en plusieurs lieux d’exposition et ateliers d’artistes dont le volet automne vient de s’achever. Il s’agit des Quatre saisons de l’art à Aubais présentant les œuvres dans les lieux patrimoniaux du village. Peintures, sculptures, céramiques, installations. Prochain volet : exposition commune à la galerie de l’association du 9 décembre 2006 à fin janvier 2007.
Les Quatre Saisons de l'Art sont réalisées par l'association Les Artistes Nomades en partenariat avec la galerie HD NICK et la commune d'Aubais et bénéficient du soutien et du concours financier du département du Gard et de la Région Languedoc Roussillon.

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Acquisition d'un vocabulaire commun : progressivement dans nos échanges sur la question du mode de traitement du sujet par un auteur, il est fait référence à des notions qui méritent d’être précisées afin d’être mieux appréhendées.

(Sources : Lexilogos, dictionnaire en ligne, Laboratoire d’analyse et de traitement informatique de la langue française, et vocabulaire d'esthétique d'Etienne Souriau, Puf, Quadrige.)

interprétation : Beaux-arts. Action de reproduire un modèle ou la nature de manière personnelle, selon sa propre vision des choses,

facture : manière dont une œuvre d’art est composée sur le plan technique, (du latin factura = fabrication). Toutefois Eugène Fromentin considérait que la notion ne pouvait être comprise que si on en faisait un produit de la sensibilité. Pour lui, elle serait, en quelque sorte, "le résultat de toute la disposition psychologique de l'artiste." (cf. Les maîtres d'autrefois). Ainsi la subtilité du métier, la délicatesse de la touche, le charme du pigment, la trame du tableau, ressortiraient-ils selon lui à la personnalité de l'artiste,

style : catégorie de l'esthétique permettant de caractériser l'organisation des formes verbales, plastiques, musicales, que l'histoire de l'art a identifiées et décrites comme ayant fait époque ou comme étant marquées par un artiste particulier (ici syn. école, courant, genre esthétique, système organique de formes),

mais aussi, manière personnelle d'utiliser certains moyens artistiques (choix du sujet, des formes, des lignes, jeu des couleurs) qui permet de reconnaître un artiste à travers ses œuvres (ici syn. facture, patte, griffe, touche, et ensemble de caractères formels individuels).
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Avec toujours le parti pris de privilégier l'œuvre, en se centrant avant tout sur ce qui nous est donné à voir : apprendre à regarder, faire confiance à son regard, se donner une chance de découvrir, nous nous sommes intéressés à la représentation de la nature dans les œuvres suivantes,




John Constable
(1776-1837), Helmingham Dell, Vallon dans le parc de Helmingham (Suffolk), v. 1823, huile sur toile 103 x 129 cm, musée du Louvre, Paris.

L'observation et les commentaires collectifs ont permis de mettre en évidence le travail sur la lumière et l'harmonie de la palette avec les gammes de verts et d'ocres à bruns. Toutefois, l'absence de scène narrative a pu parfois déconcerter dans un premier temps.

Observer une simple réalité : un tableau en effet plutôt déconcertant caractérisé par l’anodin, l’absence d’événement, une image sans énigme ne donnant rien à analyser ni à comprendre. Il n’y aura rien de plus à voir : le peintre décrit un endroit familier, assez banal, et qu’aucune anecdote ne viendra transformer en décor pittoresque.

Les paysages de Constable sont sans prétextes narratifs. Tournant le dos aux compositions classiques du XVIIè siècle (de Claude Lorrain à Rubens), ou aux peintres hollandais (Ruysdael, Rembrandt), Constable délaisse l’iconographie sacrée ou littéraire pour suivre la voie ouverte au siècle précédent par un autre anglais Gainsborough, dont il trouvait les paysages « apaisants, tendres et touchants ». Comme Gainsborough, Constable vise à transmettre la vérité d’un état d’âme. Entre 1833 et 1836, Constable exprime dans des conférences à Londres et Worcester, sa conception de la peinture et en particulier du paysage en déclarant : « la peinture est une science et devrait être abordée comme une investigation sur les lois de la nature. Pourquoi, dès lors, la peinture de paysage ne pourrait-elle être considérée comme une branche de la physique dont les tableaux ne seraient que les expérimentations ? » (Conférences de John Constable).

Constable est né dans un village du Suffolk et a peint toute sa vie les paysages et les villages auprès desquels il a grandi. En 1821, il écrit à l’un de ses amis « Ce sont les lieux qui me sont familiers que je devrais peindre le mieux. Peindre n’est rien d’autre que ressentir. » (Correspondance de John Constable).

Lors d’un séjour chez son frère, employé comme régisseur des forêts par la famille propriétaire du domaine de Helmingham, Constable réalise plusieurs versions de ce paysage : la combe de Helmingham. Constable montre ce que chacun aurait pu également y voir. Il ne cherche pas le point de vue exceptionnel ni à embrasser l’espace le plus étendu. Quelques arbres et un ruisseau n’auraient pas suffit autrefois à composer un paysage alors qu’ils constituent ici le motif essentiel de l’image indiquant la proximité physique, l’intimité du peintre avec la nature. Le cadrage resserré aurait fait figure de détail dans les grandes compositions historiques du passé. C’est ici juste l’espace de la vie quotidienne, d’une promenade sans surprise à laquelle nous sommes conviés, à l’écart des sentiers battus, là où il aime marcher.

Une forte impression de déjà vu se dégage de la peinture de Constable, même lorsqu'on découvre le tableau pour la première fois, s’opposant à la tradition des images religieuses ou profanes qui depuis des siècles frappent et dépaysent le spectateur, l’appellent à la spiritualité, lui racontent des histoires merveilleuses ou terrifiantes, lui imposent les visages changeants du pouvoir. La peinture de Constable ne prétend pas enseigner. Elle restitue la neutralité du quotidien en accordant une valeur inédite à l’environnement naturel d’une vie sans histoire. Une sensation d’équilibre et de confort communiquée au spectateur peut conduire à éprouver de l’ennui ou à se sentir aujourd’hui blasé devant ce qui au début du XIXè siècle est apparu comme un traitement rafraîchissant du sujet qui inspira plusieurs artistes à commencer par les impressionnistes, et plus tard, les cartes postales et les photographies de vacances. C’est un peu comme si nous avions tous séjourné au bord du ruisseau de Constable, sa campagne est dans nos souvenirs, nous nous la sommes appropriée et aujourd’hui avec la diffusion massive, elle est devenue un archétype. Au point d’en oublier les choix esthétiques novateurs pour l’époque.

Chacun peut se reconnaitre dans les paysages de Constable. La précision du lieu n’a pas d’importance. Le parfum de la terre mouillée, le chant du ruisseau, le bruissement des feuilles, ou le craquement du bois sec sous les pieds sont partout les mêmes. Avant Constable, ces petites choses que tout le monde ressent, ces chemins sans mystère et parfois sans grâce n’avaient pas fait leur entrée en peinture.

(sources : d'après Françoise Barbe-Gall, comment regarder un tableau, éditions EPA Hachette Livre)



Jean Antoine Watteau (1684-1721), Le pèlerinage à l'île de Cythère, 1717, huile sur toile 129 x 194 cm, musée du Louvre, Paris.

Une atmosphère magnifiquement rendue par une peinture lumineuse, la gradation d'une tonalité de claire à transparente et la douceur des nuances dorées qui rappelle la peinture vénitienne.

L'île de Cythère, est l'île de l'amour. Au bord de la forêt, on remarque la statue d'Aphrodite. Des cupidons s'élèvent au dessus des personnages qui batifolent gaiement dans une fête galante. Désigné par l'Académie comme le peintre des fêtes galantes, Watteau, montre son intérêt pour les costumes de théatre et les sujets frivoles qu'il réalise en y mêlant rêve et poésie.