Si vous avez manqué notre deuxième séance à Lunel
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(Sources : Lexilogos, dictionnaire en ligne, Laboratoire d’analyse et de traitement informatique de la langue française, et vocabulaire d'esthétique d'Etienne Souriau, Puf, Quadrige.)
mais aussi, manière personnelle d'utiliser certains moyens artistiques (choix du sujet, des formes, des lignes, jeu des couleurs) qui permet de reconnaître un artiste à travers ses œuvres (ici syn. facture, patte, griffe, touche, et ensemble de caractères formels individuels).
Observer une simple réalité : un tableau en effet plutôt déconcertant caractérisé par l’anodin, l’absence d’événement, une image sans énigme ne donnant rien à analyser ni à comprendre. Il n’y aura rien de plus à voir : le peintre décrit un endroit familier, assez banal, et qu’aucune anecdote ne viendra transformer en décor pittoresque.
Les paysages de Constable sont sans prétextes narratifs. Tournant le dos aux compositions classiques du XVIIè siècle (de Claude Lorrain à Rubens), ou aux peintres hollandais (Ruysdael, Rembrandt), Constable délaisse l’iconographie sacrée ou littéraire pour suivre la voie ouverte au siècle précédent par un autre anglais Gainsborough, dont il trouvait les paysages « apaisants, tendres et touchants ». Comme Gainsborough, Constable vise à transmettre la vérité d’un état d’âme. Entre 1833 et 1836, Constable exprime dans des conférences à Londres et Worcester, sa conception de la peinture et en particulier du paysage en déclarant : « la peinture est une science et devrait être abordée comme une investigation sur les lois de la nature. Pourquoi, dès lors, la peinture de paysage ne pourrait-elle être considérée comme une branche de la physique dont les tableaux ne seraient que les expérimentations ? » (Conférences de John Constable).
Constable est né dans un village du Suffolk et a peint toute sa vie les paysages et les villages auprès desquels il a grandi. En 1821, il écrit à l’un de ses amis « Ce sont les lieux qui me sont familiers que je devrais peindre le mieux. Peindre n’est rien d’autre que ressentir. » (Correspondance de John Constable).
Lors d’un séjour chez son frère, employé comme régisseur des forêts par la famille propriétaire du domaine de Helmingham, Constable réalise plusieurs versions de ce paysage : la combe de Helmingham. Constable montre ce que chacun aurait pu également y voir. Il ne cherche pas le point de vue exceptionnel ni à embrasser l’espace le plus étendu. Quelques arbres et un ruisseau n’auraient pas suffit autrefois à composer un paysage alors qu’ils constituent ici le motif essentiel de l’image indiquant la proximité physique, l’intimité du peintre avec la nature. Le cadrage resserré aurait fait figure de détail dans les grandes compositions historiques du passé. C’est ici juste l’espace de la vie quotidienne, d’une promenade sans surprise à laquelle nous sommes conviés, à l’écart des sentiers battus, là où il aime marcher.
Une forte impression de déjà vu se dégage de la peinture de Constable, même lorsqu'on découvre le tableau pour la première fois, s’opposant à la tradition des images religieuses ou profanes qui depuis des siècles frappent et dépaysent le spectateur, l’appellent à la spiritualité, lui racontent des histoires merveilleuses ou terrifiantes, lui imposent les visages changeants du pouvoir. La peinture de Constable ne prétend pas enseigner. Elle restitue la neutralité du quotidien en accordant une valeur inédite à l’environnement naturel d’une vie sans histoire. Une sensation d’équilibre et de confort communiquée au spectateur peut conduire à éprouver de l’ennui ou à se sentir aujourd’hui blasé devant ce qui au début du XIXè siècle est apparu comme un traitement rafraîchissant du sujet qui inspira plusieurs artistes à commencer par les impressionnistes, et plus tard, les cartes postales et les photographies de vacances. C’est un peu comme si nous avions tous séjourné au bord du ruisseau de Constable, sa campagne est dans nos souvenirs, nous nous la sommes appropriée et aujourd’hui avec la diffusion massive, elle est devenue un archétype. Au point d’en oublier les choix esthétiques novateurs pour l’époque.
Chacun peut se reconnaitre dans les paysages de Constable. La précision du lieu n’a pas d’importance. Le parfum de la terre mouillée, le chant du ruisseau, le bruissement des feuilles, ou le craquement du bois sec sous les pieds sont partout les mêmes. Avant Constable, ces petites choses que tout le monde ressent, ces chemins sans mystère et parfois sans grâce n’avaient pas fait leur entrée en peinture.
(sources : d'après Françoise Barbe-Gall, comment regarder un tableau, éditions EPA Hachette Livre)
Jean Antoine Watteau (1684-1721), Le pèlerinage à l'île de Cythère, 1717, huile sur toile 129 x
Une atmosphère magnifiquement rendue par une peinture lumineuse, la gradation d'une tonalité de claire à transparente et la douceur des nuances dorées qui rappelle la peinture vénitienne.
L'île de Cythère, est l'île de l'amour. Au bord de la forêt, on remarque la statue d'Aphrodite. Des cupidons s'élèvent au dessus des personnages qui batifolent gaiement dans une fête galante. Désigné par l'Académie comme le peintre des fêtes galantes, Watteau, montre son intérêt pour les costumes de théatre et les sujets frivoles qu'il réalise en y mêlant rêve et poésie.
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