Arts et culture pour tous

Parce que l'art nourrit la compréhension du monde. Sur le Net, veille informative et actualité des expositions, interactivité et convivialité autour des oeuvres. Ou en direct, histoire des arts en cours du soir et sorties culturelles. Pour participer à des visites d'expositions, de galeries et de musées, découvrir des ateliers d'artistes, rencontrer d'autres amateurs d'art et échanger dans un espace propice au dialogue.

Nom :
Lieu : Montpellier, Hérault, France

Nos propositions s’appuient sur des recherches personnelles complétant un parcours universitaire, une pratique et une formation en arts plastiques privilégiant l’approche des arts dits contemporains, une spécialisation en histoire de l’art médiéval. Ces complémentarités associées à l’intervention auprès de publics diversifiés fondent notre action au service de l’éducation populaire.

samedi 30 décembre 2006

Nouveaux liens disponibles

En colonne de gauche de la page d'accueil sont désormais accessibles de toutes nouvelles ressources pour des recherches documentaires, des bases iconographiques avec de nombreuses reproductions et commentaires d'oeuvres, des dossiers thématiques pour des préparations ou compléments de cours : la base de données BnF Gallica, Insecula l'encyclopédie des arts, des visites virtuelles encore plus étendues avec un accès aux musées de France, de Paris et d'ile de France, ou de l'ensemble des continents, un éclairage sur le marché de l'art avec les sites la Gazette de l'Hôtel Drouot et Artprice.com, les grandes maisons de ventes aux enchères Christie's, Sothebie's ou Tajan, et pour l'actualité des arts, de nouveaux liens vers les portails Ministère de la Culture, Académie des Beaux-arts, le portail européen des arts publics, l'Officiel des arts, Le monde des arts, ainsi que des magazines en ligne : Artpress, Artension, Axe libre, le Journal Des Arts et l'Oeil, viennent s'ajouter aux déjà présents Paris-art.com et La Tribune de l'art, enfin pour les débats, le magazine Place publique, pour une presse citoyenne.

mercredi 20 décembre 2006

Séance du vendredi 22 décembre 2006 à Lunel

Pour terminer ce cycle, nous reviendrons sur les nouveautés introduites par Marcel Duchamp :

- l'incursion de l'objet dans l'art avec les ready-made vus la semaine dernière et les interrogations dont ils sont les porteurs.

- une oeuvre réalisée sur ses seules instructions. En 1919, alors qu'il se trouve à Buenos Aires, sa soeur lui annonce son mariage en avril avec le peintre Jean Crotti. Ne pouvant faire le déplacement, Duchamp transmet par courrier ses instructions pour un cadeau de mariage.

« C'était un précis de géométrie qu'il lui fallait attacher avec des ficelles sur le balcon de son appartement de la rue de La Condamine. Le vent devait compulser le livre, choisir lui-même les problèmes, effeuiller les pages et les déchirer. Suzanne en a fait un petit tableau : Readymade malheureux de Marcel. C'est tout ce qu'il en reste puisque le vent l'a déchiré. Ça m'avait amusé d'introduire l'idée d'heureux et de malheureux dans les readymades, et puis la pluie, le vent, les pages qui volent, c'est amusant comme idée...» Marcel Duchamp, Entretiens, p.105. Readymade malheureux.Buenos Aires/Paris, 1919.

- Marcel Duchamp sera par ailleurs l'un des premiers artistes à donner le statut d'oeuvre à ses notes de travail, publiées sous forme de fac-similés.

Dès les années 1910, il réfléchit au projet d'une boîte qui rassemblerait ses notes écrites, schémas et projets, ce qui donnera, La Boîte de 1914, première du genre, fabriquée en 5 exemplaires et rassemblant 16 fac-similés des premières notes concernant le Grand Verre, La Boîte blanche, puis en 1934, La Boîte verte, éditée à 300 exemplaires + 20 de luxe aux Éditions Rrose Sélavy, et contenant l'ensemble de ses notes préparatoires au Grand Verre.

La boîte verte contient 93 documents
(photos et fac-similés de dessins et notes manuscrites des années 1911-15)
ainsi qu'une planche coloriée au pochoir
(9 Moules mâlics)

A partir de 1936, il commence à réaliser de véritables petits musées portatifs contenant des maquettes et des reproductions de ses principales œuvres en modèle réduit, un vaste projet auquel il consacre une attention maniaque, et dans lequel il se fera assister de son ami Joseph Cornell qui collectionnera avec passion toutes les informations sur Marcel Duchamp : notes d'hôtel, billets d'avion, petits manuscrits et autres bouts de papier. Retrouvée en 1972, la collection de notes rassemblée par Cornell pourrait avoir inspiré à Marcel Duchamp sa dernière oeuvre, Étant donnés 1° la chute d'eau 2° le gaz d'éclairage.

Au bout de cinq années de travail, il présente à Paris, le 1er janvier 1941, la première Boîte-en-valise achetée par Peggy Guggenheim. Elle contient 69 reproductions, dont 3 véritables répliques miniatures de ready-mades (Air de Paris, pliant de voyage et Fountain) et un petit Grand Verre sur celluloïd.

Duchamp a lui-même assemblé les 24 premiers exemplaires, ajoutant à chacun un original. Ces exemplaires de luxe sont appelés Boîte-en-valise ou Valise. Les 280 exemplaires suivants seront assemblés par séries successives (7) jusqu'en 1968 et ne sont que des boîtes, même ceux fabriqués en 1952 et 1954 et fournis dans une valise.

Boîtes en valise. Première série réalisée de 1936 à 1941
© 2001 Succession Marcel Duchamp, ARS, N.Y. / ADAGP, Paris.

La boîte-en-valise, 1936/1968. Paris 1936 - New York 1941
Boîte en carton recouverte de cuir rouge contenant des répliques miniatures d'œuvres,
69 photos, fac-similés ou reproductions de tableaux, collées sur chemise noire.
40,7 x 38,1 x 10,2 cm Boîte déployée pour présentation : 102 x 90 x 39,5 cm
ARS, N.Y. / ADAGP, Paris.

Il nous restera à étudier deux oeuvres énigmatiques devenues mythiques auxquelles Marcel Duchamp consacra plusieurs années et qui inspireront plus tard l'art conceptuel :


- le Grand Verre

ou la mariée mise à nu par ses célibataires, même

New York 1912-1923
© 2001 Succession Marcel Duchamp
ARS, N.Y. / ADAGP, Paris









et son oeuvre posthume majeure :


-
Étant donnés, 1) la chute d'eau 2) le gaz d'éclairage.
1946-1966.
Philadelphia Museum of Arts.

Ci contre, l'oeuvre telle qu'elle se présente de sa façade extérieure.

jeudi 14 décembre 2006

Visite de l'exposition Graveurs du Sud

23 artistes, la plupart peintres, ici réunis pour leur pratique de la gravure, accueillent le public d'un petit texte accroché dès l'entrée de la galerie de la chapelle de la Salamandre, invitant à les accompagner dans leur voyage à travers un monde où la finesse et la précision du trait se conjuguent avec la subtilité du support papier.

Leur univers, ils, elles le gravent sur le papier. Leur production, ils, elles la font surgir de la rudesse du métal, griffé, dressé, brossé, rayé, arraché, creusé, façonné, tantôt à la pointe, ou au burin, tantôt livré à la morsure de l'acide. Leur monde, ils le conçoivent, en quelque sorte, de l'autre côté du miroir : une fois la plaque gravée et encrée, c'est à l'envers du réel que s'effectue le tirage. Mais seulement après un délicat nettoyage des surplus d'encrage, comme s'il fallait se résoudre à oter, à accepter d'en perdre un peu, pour mieux conserver la trace essentielle ... la perte et le reste ... fragiles mémoires de mondes éphémères.

Puis, comme pour ne plus rien perdre de la substantifique moëlle, c'est sous la presse que les encres restées prisonnières du métal épousent les fibres du papier qui se mue alors en estampe.
De l'aspect soyeux d'une richissime gamme de valeurs de gris jusqu'aux contrastes les plus vigoureux, la palette est large pour exprimer un métier d'art paradoxal qui puise ses racines dans l'histoire de l'imprimerie, dans l'illustration et l'édition, dans la pratique artisanale des corporations ... ne dirait-on pas aujourd'hui également dans les métiers du livre, mais des beaux-livres précieux.

A la fois magiciens, sorciers, créateurs, tel les alchimistes à la recherche de la pierre philosophale (dite aussi pierre des sages*), ils se jouent des ombres de leurs plaques de cuivre pour invoquer la lumière sur leurs explorations où se mèlent réel, rêverie, abstraction, lyrisme et poésie. Et lorsque le cuivre ne suffit plus à leurs libres vagabondages, c'est le zinc, le lino, le bois, et parfois le carton qui se voient convoqués pour la tâche, quand ce ne sont pas les feuilles d'argent ou d'or qui s'y trouvent délicatement insérées.

Subtil
graphisme des végétaux, douces courbes d'un corps, posture singulière d'un animal, stricte composition géométrique, mystérieux symboles ésotéro-mystiques en libres recherches et créations ou pour les besoins d'illustration de livres d'artistes auxquels certains graveurs participent, aucun motif ou sujet n'échappe à leurs stylets, burins, et autres pointes sèches.

Graveurs du Sud a été créée en 1991 par les peintres et graveurs René et Jeanne Bessière (après avoir eux-même fondé Graveurs du Nord), et Jean-Claude Salmeron, le directeur de la galerie. Nous étions 6 personnes ce vendredi 8 décembre à être accueillis entre autres par Florence Barbéris et René Bessière, à l'exposition Graveurs du Sud dans sa quinzième édition de l'estampe originale contemporaine :

Apprendre à identifier la cuvette (gauffrage) laissée sur le papier par la plaque sous presse lors du tirage, à déceler les points de résine de l'aquatinte ou les barbures laissées dans le métal par l'outil qui le griffe en taille-douce, comparer le contraste et le rendu de différents tirages à partir d'une même plaque ou selon différents supports : Un grand moment passé avec des artistes disponibles, présentant leurs outils, techniques et matériaux, et sachant témoigner généreusement de leur passion avec cette lumière dans le regard qui ne trompe pas, avec cette gestuelle qui accompagne le propos, signe d'un métier empreint de sensualité, où le rapport tactile avec la matière est important, et dont le processus physico-chimique est au service de la libre création dans une pratique artistique à la fois subtile, complexe et porteuse de spiritualité.
A.R.
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GRAVEURS DU SUD, 15ème exposition de l'estampe originale contemporaine est visible du lundi au samedi de 15h à 19h à la galerie de la chapelle de la Salamandre, à Nîmes, place de la Salamandre (derrière Monoprix et Bque populaire), jusqu'au 22 décembre 2006.
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Avec les œuvres de :

Florence Barbéris, Joan Beall, Jeanne Bessière, René Bessière, Laurence Briat, André Corsi, Rika Deryckere, Elisabeth Gérony, Christian Henry, Dominique Héraud, Liliane Jakobiak, Elisabeth Keh, Mireille Laborie, Jean-Charles Legros, David Maes, Laurent Nicolaï, Guy Pontier, Martine Rastello, Judith Rothchild, Hélène Vasseur, Sophie Vigneau, Jean-Michel Vincent, Gabrielle Wagner.

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La Pierre Philosophale ou pierre des sages était le but supérieur de l'alchimie. Certes, était-il question de changer le plomb en or, ou de prolonger indéfiniment la vie et la jeunesse, mais sa recherche était-elle surtout motivée par une véritable quête spirituelle. Le but ne comptait pas tant que le chemin pour y parvenir, regardé comme une réflexion en profondeur et comme une tentative d'aboutir, après un long et patient travail personnel, à la pleine purification tant de la matière que du chercheur lui-même.

Presque tout sur la gravure

Afin d'éclairer les interrogations suscitées par la visite de l'expo Graveurs du Sud et la technique ainsi que les procédés physico-chimiques liés à la gravure jusqu'à la réalisation de l'estampe, chacun pourra trouver ici différentes définitions permettant de fixer quelques repères.

Principales sources documentaires : Wikipedia, encyclopedia universalis, dictionnaire d'esthétique, et articles de revues spécialisées.

La gravure : Au sens absolu du mot, la gravure est l'art de tracer par incision, à la surface d'une matière quelconque, des caractères, des ornements ou des figures. L'homme des cavernes nous a ainsi transmis
la silhouette des animaux sur l'os et la pierre. C'est par la gravure que l'Antiquité et le Moyen-Age ont produit les cylindres, les intailles, les sceaux, les plaques tombales, les émaux champlevés, les matrices à gaufrer le cuir ou le velours, et aussi les planches destinées à l'impression des étoffes décorées. C'est également la gravure qui permet l'impression des timbres-poste.

Ainsi la gravure a-t-elle une double fin : elle peut être ou bien un procédé de décoration, ou bien un moyen de tirer par impression plusieurs copies de la chose gravée, et singulièrement des copies sur papier.

Le terme de gravure s'applique à la fois à l'art de graver et aux productions de cet art : on dit d'un artiste qu'il pratique la gravure et d'un amateur qu'il recherche telle ou telle gravure, ou encore telle épreuve d'une gravure déterminée.

Les techniques fondamentales sont au nombre de trois : la gravure sur bois et la gravure sur métal, connues de longue date pour divers usages, avant d'être employées à la reproduction des images et la lithographie, inventée à l'extrême fin du XVIII e siècle.

La gravure sur métal : La gravure sur métal est essentiellement une gravure en creux, on la nomme en général taille douce (Fine gravure faite au trait avec le burin du graveur). Elle regroupe plusieurs techniques et deux procédés sont employés : le burin et l'eau-forte. La confection de gravures exige une grande habilité manuelle.

Le burin : Le graveur se sert d'une planche de métal, généralement du cuivre, de faible épaisseur, parfaitement polie, et d'un instrument, le burin, solide tige d'acier de section carrée ou losangée, biseautée, emmanchée à une petite poire de buis. Il attaque la planche en formant un angle variable, et tout en creusant, soulève un copeau : les sillons seront bordés de petites barbes de métal qui seront supprimées avec un ébarboir. C'est le dessin lui même qui sera gravé: chaque sillon équivalent à chaque trait du dessin.

L'eau-forte : Dans les techniques classiques de l'eau-forte, ce n'est plus la main qui gravera par l'intermédiaire d'un outil, mais l'acide. La plaque est recouverte d'un vernis, le graveur dessine sur ce vernis avec une pointe, faisant apparaître le métal où la pointe court sur le vernis. Ainsi dénudée de son vernis, la planche est plongée dans un bain d'acide dilué. Cet acide mort les parties non protégées du vernis, et creuse ainsi la plaque de métal, comme le faisait le burin. La morsure, c'est-à-dire le creux, jugée suffisante, la plaque est rincée, dévernie et prêtre au tirage.

L'aquatinte : C'est le même processus que l'eau-forte, avant de plonger la planche dans l'acide, on recouvre certaines surface de poussière ou de grains de résine. La planche est chauffée, et la résine adhère solidement au métal. C'est en quelque sorte un vernis, mais un vernis troué d'une multitude d'espaces. L'acide mord aux endroits où il n'y a pas de points de résine, et creuse tout un ensemble de petits trous. Par morsures successives le graveur peut donner optiquement une teinte régulière.

La pointe-sèche : La pointe-sèche est la manière la plus simple de graver sur le métal, mais pas nécessairement la plus facile. Il suffit d'une plaque polie et d'une pointe. Le graveur dessine sur cette plaque en rayant la surface. Avec plus ou moins de vigueur, le métal sera plus ou moins arraché, donc aussi creusé, mais chaque trait sera entouré de barbes en plusieurs épaisseurs. Cette dernière caractéristique donnant aux pointes-sèches un aspect très particulier d'enveloppement de la ligne. La différence essentielle avec, par exemple, le burin, est que ce qu'il y a en surface est au moins aussi important que le creux. L'encre, au tirage, accrochant les barbes, le résultat sera noir velouté et profond, très caractéristique.
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La lithographie est quelque peu différente. Découverte à la fin du XVIIIe siècle, elle nécessite, comme pour la gravure, de la patience et un savoir-faire de dessinateur. L'artiste dessine sur une pierre calcaire préalablement grainée afin d'obtenir une surface lisse (grain fin et homogène polie). Le motif, texte ou image est reproduit sur la pierre avec un crayon gras ou une plume imprégnée d'encre grasse. Le dessin terminé, les graisses sont fixées sur la pierre à l'aide d'un mélange de gomme arabique et d'acide nitrique. Une fois lavée à l’eau, la pierre est encrée au moyen d’un rouleau : seules les parties grasses retiennent l’encre (encre grasse dite " noir à monter "). La feuille de papier est alors posée sur la pierre encrée et fortement pressée.

La presse spécialisée est dite presse à râteau. On reconnaît cette technique au léger grain, grain de pierre, qui est perceptible dans la surface-couleur ou dans le trait (sur le papier). Si l'impression donnée est celle d'un dessin (au crayon ou à la plume) avec la même liberté ou absence de contrainte, il est vraisemblable que nous ayons affaire à une lithographie.

Bien qu'elle fut sous-estimée et utilisée, à la fin du XVIIIe siècle, comme un jeu de salon ou un moyen de reproduction industriel, fonction qu'elle conservera d'ailleurs pendant tout le XIX e siècle, de nombreux artistes s'adonneront à la lithographie.

C'est ainsi que Toulouse-Lautrec va parvenir à dépasser le caractère spécieux de l'art de son temps et, tout en pratiquant le dessin d'illustration, d'affiche, de menus et de programmes, faire de la lithographie en couleurs un art propre à exprimer très synthétiquement et dramatiquement la vie quotidienne. A cette époque, au-delà des illustrations faciles, elle permit à nombre d'artistes de la génération postimpressionniste de trouver un style à la fois intime et riche.
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Histo : La lithographie, procédé plus moderne que la gravure, a été inventée à la fin du XVIIIè siècle par A. Senefelder. Auteur dramatique sans succès, il cherche à imprimer sa musique de façon plus typique et plus économique que le travail sur cuivre. Il utilise la pierre de Münich qui lui permet d'expérimenter une technique à plat qui ne tient ni au creux ni aux relief, Il découvre à la suite d'un hasard le procédé de la lithographie. "Litho" vient du grec et signifie pierre.

La lithographie est un procédé d'impression sur pierre ou sur plaque de zinc grainée au préalable et plus malléable. Ce principe repose sur une préparation chimique du support sur lequel l'artiste a dessiné à l'aide d'une encre ou d'un crayon lithographique. La préparation chimique permet à l'encre de ne rester déposée que sur la partie dessinée de la pierre et du zinc, l'autre partie la refusant. Le principe est donc fondé sur l'incompatibilité d'un corps gras et d'un corps acide.

Les artistes se sont rapidement emparés de cette technique qui au début est partie du noir au chatoiements multiples (Daumier...) pour s'ouvrir rapidement sur les couleurs (Toulouse Lautrec, les Impressionnistes, Chagall, Picasso). Une lithographie en couleurs nécessite autant de pierres (ou de zinc) qu'il y a de couleurs dans la composition: 13 couleurs signifient donc 13 passages sous presse d'une même lithographie, chaque couleur prend sa place sur l'estampe suivant des points de repère très précis (les superpositions de tons permettent d'élargir la palette et ses nuances). Les tons spécialement conçus (transparences, opacités ...) supposent une grande connaissance de ces lois et un sens de la décomposition technique de la part de l'artiste se référant à une démarche graphique propre.
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L’estampe désigne l'image imprimée après avoir été gravée sur métal, bois, pierre lithographique, linoléum, épreuve de gravure sur cuivre et, par extension, sur bois et sur pierre lithographique. Une estampe est une image imprimée sur papier au moyen d'une planche préalablement gravée. Le matériau employé peut être le cuivre, le bois ou la pierre, cette dernière exclusivement pour la lithographie.

On tire des épreuves de ces planches, après encrage, généralement sur une presse à bras. "L'estampe originale est une œuvre d'art à part entière, pouvant exister en plusieurs exemplaires, elle est un moyen d'expression plastique volontairement choisie par l'artiste, au même titre que la peinture, le dessin, la photographie ou la sculpture. L'auteur crée une matrice, sur le support de son choix, avec la ou les techniques appropriées à son mode d'expression, L'estampe originale est généralement signée et numérotée, à la différence de l'estampe ancienne ou de bibliophilie qui sont elles aussi des estampes originales. Les estampes qui n'ont pas été réalisées par l'auteur de la signature ou sous sa supervision constante, doivent être signalées clairement comme estampe d'interprétation." Lignes extraites de la définition de la chambre syndicale de l'estampe (Canada).
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Toutes les images que l'on peut voir ici ou là, posters, reproductions, etc... sont elles des estampes ? Évidemment non. Seules on droit au nom d'estampes les images répondant à la définition précédente. Les images tirées par exemple en offset, ou les image industrielles et surmultipliées n'entrent pas dans cette catégorie. Estampe originale ou d'interprétation. Quelle est la différence ? Une estampe originale est l'œuvre d'un seul et même artiste qui transpose et grave sur la planche sa propre création. Mais si tous les peintres ne sont pas forcément des graveurs, leurs œuvres peuvent néanmoins être diffusées par le biais de l'estampe grâce à d'autres artistes qui les interprètent ou les transposent sur le bois, le cuivre ou la pierre. Ces derniers font alors œuvre d'interprétation. Quels sont les outils utilisés ? Le burin, la pointe, la roulette, le crayon lithographique, etc.. pour ne citer que les principaux.

Peut-on tirer un grand nombre d'exemplaires ? Généralement non. La pression exercée par la presse lors du tirage finit par émousser les tailles (en creux ou en relief) de la planche gravée. Au bout d'un certain nombre de tirages les épreuves perdent considérablement en qualité, elles deviennent fades et ternes. Cela dit, au XIXe siècle, des techniques d'aciérage et d'électrolyse ont été mises au point pour permettre de rendre la planche plus résistante et donc permettre un tirage plus important. Mais combien d'exemplaires exactement ? On peut situer un tirage courant entre 50 et 350 exemplaires.

Toutes les estampes doivent-elles être signées et numérotées par l'artiste ? Ceci est une notion moderne. Les estampes commencent à être signées et numérotées au crayon (ou à la plume), par les artistes, depuis le troisième quart du 19e siècle et/ou début du 20e. Cette pratique s'est peu à peu généralisée. Elle est désormais de règle. Les estampes anciennes antérieures à cette époque ne sont en aucun cas ni signées, ni numérotées. Toutefois s'agissant d'épreuves particulières (d'artiste, d'essai ou d'atelier) des mentions manuscrites telles que dédicaces, mentions de tirage, etc.. restent possibles.

Les estampes doivent-elles avoir des marges ? Oui, en général. La marge permet la respiration d'une épreuve, elle met en valeur l'image proprement dite. Toutefois, au fil du temps, les marges de certaines épreuves ont pu être diminuées, coupées, etc... Aujourd'hui, s'agissant d'estampes anciennes des 16e, 17e siècles et certaines du 18e, le collectionneur est moins exigeant et peut se satisfaire d'épreuves dont la marge serait réduite à un filet. Sauf épreuves exceptionnelles il est rare de rencontrer des épreuves de Durer, Rembrandt, Callot, etc. avec de grandes marges, la plupart du temps n'en subsiste qu'un filet d'un demi à deux et demi centimètres. En revanche pour les pièces du 19e siècle, et à fortiori pour celles du 20e siècle, il est souhaitable que les marges soient telles qu'elles étaient à l'impression. Un estampe coupée à l'intérieur de la composition ou à sa limite n'a plus, dans la majorité des cas, qu'une valeur documentaire.

Les estampes doivent-elles être en bon état de conservation ? Oui. C'est souhaitable. La conservation, la fraîcheur d'une épreuve jouent considérablement sur son prix. Une pièce froissée, déchirée, tachée n'a plus guère d'intérêt, sauf si l'on peut envisager une restauration qui, dans bien des cas, pourra s'avérer coûteuse.

Les estampes sont-elles chères ? Le prix d'une estampe, comme pour une œuvre d'art en général, va dépendre de la notoriété de l'artiste, du sujet, du format, de l'état de conservation mais également, et ceci est propre aux estampes, de l'état de tirage. Comme toujours, la loi de l'offre et de la demande régule le marché. Ainsi des gravures d'artistes dont la notoriété n'a pas dépassé le cadre régional peuvent s'acquérir pour à peine quelques centaines de francs. De petites estampes, souvent extraites de livres de voyage, de dictionnaires de botanique, etc... peuvent se trouver entre 2 et 500 frs. En revanche, les prix seront beaucoup plus conséquents pour les artistes qui, à leur manière, ont marqué l'histoire de l'estampe ou ont fait partie d'écoles, de mouvements importants. De 10 000 à 50 000 frs pour une estampe originale de Durer ou de Rembrandt, plus encore s'il s'agit d'une pièce de référence. De 50 à 100 000 frs pour un Picasso - pour ne prendre que deux extrêmes dans le temps ! Des annuaires de cotes disponibles dans toutes les grandes bibliothèques Les épreuves d'état sont, en quelque sorte, les mémoires des différents stades de l'élaboration d'un travail de gravure. Lors de l'exécution d'une planche, de modification en modification, au cours des morsures successives, à tous moments, l'artiste peut tirer une ou plusieurs épreuves de sa planche pour en apprécier le rendu. Ce sont ces épreuves intermédiaires, avant le tirage définitif, qu'on appelle épreuves d'état. Il va sans dire que, n'étant tirées qu'à petit nombre, ces épreuves sont beaucoup plus rares que celles du tirage final. Elles sont aussi les premiers jets de la création et ont, à ce titre, la faveur des collectionneurs qui s'attachent à les rechercher. Ces épreuves d'état sont synonymes de ce qu'on appelle plus communément épreuves d'essai ou d'atelier. Les catalogues des ventes publiques et des marchands d'estampes sont des outils indispensables pour cerner la cote d'un artiste.
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Le papier peut être classé en deux catégories :

  • Les papiers vergé anciens fabriqués à la forme à partir de fibres végétales (lin, chanvre...), de fibres textiles (chiffons...). Leur principale caractéristique est une trame irrégulière de lignes croisées (appelées vergeures et pontuseaux). Cette trame, due aux fils de laiton tendus sur la forme où sèche la pâte à papier, se lit aisément en transparence. Pour globaliser et faciliter le classement on dira que ce type de papier a été utilisé des origines de la gravure (milieu du XVe siècle) jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, quand apparaissent les premiers papiers modernes.
  • Les papiers modernes, ou mécaniques, fabriqués à partir de le pâte à bois. Parmi eux on citera le vélin dont la caractéristique principale est qu'il est régulier et relativement lisse et le vergé moderne dont la trame (lignes croisées visibles en transparence) s'apparente à celle des vergés anciens, à ceci près qu'elle est régulière et très nette.
Le filigrane est la marque de fabrique des moulins à papier, et plus tard des grands papetiers de l'ère moderne. Il se lit en transparence, et il est souvent un moyen précieux de datation et d'identification.
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La couleur : l'expression "graver en couleurs" est impropre. On ne grave pas en couleurs, mais on imprime en couleurs. Pour reprendre les choses dans l'ordre où elles apparaissent on doit préalablement aborder le coloris manuel ou coloriage, aussi appelé "enluminure". Aux 15, 16, 17 et 18ème siècles, les épreuves pouvaient être coloriées manuellement chez l'éditeur marchand. On employait de l'aquarelle ou de la gouache et chaque épreuve (une à une) était ainsi rehaussée. L'impression en couleurs apparaitra plus tardivement. Exception faite des bois en camaïeux (en principe de vert ou de brun) déjà connus au début du XVIe siècle, l'impression couleurs n'apparaît que vers le 3e tiers du XVIIIe siècle.

C'est grâce à la mise au point du repérage successif des planches (une planche par couleur) qu'on obtiendra définitivement la couleur. On imagine les difficultés d'une telle technique nécessitant qu'une même épreuve passe et repasse sous la presse autant de fois que nécessaire jusqu'à l'obtention, par le jeu des superpositions, de la couleur souhaitée. De telles estampes sont encore aujourd'hui très recherchées.
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En savoir plus sur l'histoire et les techniques de la gravure : le musée des Beaux-Arts Jenisch de Vevey en Suisse a réalisé une exposition en 2004.

L'association Estampes a, en cette occasion, créé un site spécialisé :

Présentation didactique des techniques de l’estampe et de la gravure illustrée par des oeuvres de grands artistes du XVe au XXIe siècle.

A consulter également, les trois expositions présentées à Paris sur le travail de dessinateur et de graveur de Rembrandt :

- Rembrandt, dessinateur. Expo au Louvre.
- Rembrandt, graveur. Expo à la BNF.
- Rembrandt, Eaux-fortes au Petit Palais.

mercredi 13 décembre 2006

Les quatre saisons de l'art

La galerie HD Nick présente le volet Hiver de la manifestation les quatre saisons de l'art à Aubais. Ce samedi 9 décembre avait lieu le vernissage avec buffet nocturne.

Originalité de la présentation, outre les artistes exposés, il était possible de feuilleter le book papiers d'autres artistes de la galerie présentés en dialogue avec l’exposition principale.


A découvrir dans la deuxième salle, l'étonnant travail sur le volume dans une sculpture des vides et des pleins à partir de troncs d'arbres de Tieri Lancereau-Monthubert, mais aussi à l'étage de la galerie, l'exposition contrastée des oeuvres de Xavier Carrère
, tout en transparence et opacité dans des pièces opposant le minéral et une pate de verre des plus transparente et pure.

Pour ne rien en manquer :

Exposition De Natura I, du 9 décembre 2006 au 21 janvier 2007, ouverture tous les jours de 14h à 19h, avec 5 artistes :

Pierre Bendine-Boucar
, Brigitte Bultez-Brun, Xavier Carrère, Tieri Lancereau-Monthubert, Mireille Laborie.


et les papiers de :

Véronique Agostini, Anna Baranek, Florence Barberis, Astrig Boissier, Julien Bouissou, Claude Foênet, Jean-Pierre Guiraud, Nicole Lantier, Riccardo Licata, Annie Mahé-Gibert, Christophe Meyer, Sylvie Deparis

Galerie HD Nick à Aubais
, fléché dès l'entrée dans le village, arrivée par Sommières ou Villetelle.


mardi 12 décembre 2006

Marseille en mars

La prochaine sortie prévue à ce jour nous emmènera à Marseille le samedi 10 mars 2007, dans le cadre de la journée familiale organisée par la MJC de Lunel.

Nous en profiterons pour visiter le Musée d'Art Contemporain.

Entrée à tarif réduit de groupe. Participation aux frais de transport en autocar. Inscription préalable auprès du secrétariat de la MJC de Lunel.


jeudi 7 décembre 2006

Gag no gag, performances d'artistes


Dans le cadre de l'évènement Gag no gag,

samedi 16 décembre 2006
à Montpellier

à 17 heures, Comédie, esplanade

sur une ligne invisible, dans leur mètre carré de liberté, des artistes, des anti-artistes, des ni-l'un-ni-l'autre réalisent l'action-performance de leur choix.

à 19 heures, Centre Rabelais

Conférence - performance Gag no gag. Seront évoqués, le mouvement Fluxus, l'art conceptuel, l'Académie des Arts Autres. Performances, divertissements, films inédits et documents.

Entrée libre, plus d'infos sur le site smartdays.

mardi 5 décembre 2006

Séance du vendredi 15 décembre 2006 à Lunel

Compte tenu de la sortie pour visite d'exposition du vendredi 8 décembre à Nîmes, notre prochaine séance est fixée au vendredi 15 décembre à Lunel. Nous poursuivrons notre parcours à travers l'oeuvre de Marcel Duchamp et achèverons l'étude de sa production singulière et inclassable dans laquelle apparaissent de nombreux thèmes récurrents.

(détail) Disques avec spirales,1923, encre et crayon,108,2 x 108,2 cm, Seattle, Art Museum.
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- Cylindre sexe (guêpe), 1934, crayon sur papier, 31 x 27 cm, Milan collection Arturo Schwarz,
- Etant donnés, 1948-49, cuir peint sur relief en plâtre, 50 x 31 cm, Stockolm, Moderna Museet,
- Autoportrait de profil, 1958, papier de couleur déchiré sur fd noir, 14,3 x 12,5 cm, Paris, coll. J.J. Lebel,
- Quatre ready-mades, 1964, lithographie, 32 x23,2 cm, Milan collection Arturo Schwarz
- L.H.O.O.Q. rasée, 1965, carte à jouer, 8,8 x 6,2 cm, montée sur papier 21 x 13,8 cm, New York, MOMA,
- Le Bec Auer, 1968, gravure sur papier fait à la main, 50,5 x 32,5 cm, Milan coll. Arturo Schwarz.
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Puis nous verrons les ready-made qu'il présente à partir de 1913, et surtout comment il s'en explique. Enfin, nous pourrons terminer avec les grandes réalisations complexes comme Le Grand Verre ou Étant donnés.


Fontaine.
R. Mutt. 1917/1964

© 2005 Artists Rights Society,
New York/ADAGP, Paris
Porte bouteille. 1914/1964
Porte-bouteilles en fer galvanisé, 64,2 x 42 cm
Centre Pompidou-Musée national d’art moderne
© 2001 Succession Marcel Duchamp
ARS, N.Y. / ADAGP, Paris
Pelle à neige. En prévision du bras cassé. 1915
Bois et acier galvanisé, 121,3 cm.
Yale Center for British Art, New Haven, CT, USA.



En 1917, Duchamp présente Fountain - un urinoir en faïence blanche recouverte de glaçure céramique et de peinture (la signature peinte) - au Salon des indépendants de New York. Afin de garder son anonymat, il le signe du nom de R. Mutt, en référence au nom d'un fabriquant Richard Mutt (mais nous verrons les autres développements auxquels cela a pu donner lieu). Fountain a été désignée, l'œuvre la plus influente du 20e siècle par des artistes, galeristes, critiques et par des conservateurs de musée londoniens en 2004. Dimensions : 63 X 48 X 35 cm. La version originale présentée à New York en 1917 est aujourd'hui introuvable. Quelques répliques ont été réalisées sous la direction de Duchamp en 1964. L'une de ces copies a été acquise en 1986 par l'État français pour la collection du Centre Georges-Pompidou.

Vernissage samedi 9 déc. à 16 heures à Aubais


Cet hiver, l'exposition "Les Quatre Saisons de l'Art" se déroule entièrement dans la Galerie HD NIck. Pour celles et ceux qui le souhaitent, nous pouvons nous retrouver à la galerie HD Nick, le samedi 9 décembre à 16 heures à Aubais, pour le vernissage de l'exposition.


Tieri Lancereau-Monthubert


Extrait du texte de l'expo : De Natura, ce sont des regards croisés sur la nature des choses et des êtres. Titre emprunté au poême philosophique de Lucrèce (de natura rerum), ces expositions se placent "naturellement" aux sources mêmes de l'art et de la vie sans cesse renouvelés.
"Les Artistes Nomades" et Galerie HD NICK
Communiqué du 24 novembre 2006

Vernissage le Samedi 9 Décembre à partir de 16h en présence des artistes avec Pierre Bendine-Boucar, Tieri Lancereau-Monthubert, Mireille Laborie, Brigitte Bultez-Brun, Xavier Carrère + "papiers" d'autres artistes présentés en dialogue avec l'exposition principale : Véronique Agostini, Anna Baranek, Florence Barberis, Astrig Boissier, Julien Bouissou, Sylvie Deparis, Claude Foênet, Jean-Pierre Guiraud, Nicole Lantier, Annie Mahé-Gibert.
Buffet nocturne.

De Natura I. Nature et contrepoints du 9 décembre 2006 au 21 janvier 2007. En savoir plus sur le site www.hdnick.com : Vous trouverez des images et des renseignements sur chacun des artistes présentés ainsi que la mise à jour permanente des rubriques Hors Galerie, Calendriers et Artistes.

lundi 4 décembre 2006

Sortie du 8 décembre à Nîmes

Le rendez-vous est fixé :
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ce vendredi 8 décembre 2006
à la MJC de Lunel à 17 h 30
(regroupement et covoiturage)
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Florence Barberis

pour nous rendre à Nîmes et y voir l'exposition Graveurs du Sud à la galerie de la Salamandre (eaux-fortes, aquatinte, pointe sèche, taille-douce, burin, manière noire, linogravure, monotype, etc.) présentant les travaux de 23 graveurs dont Florence Barberis, graveur et peintre.

Retour sur la séance du 1er décembre

Initié à l'art par ses deux frères ainés qu'il rejoindra à Paris, Marcel Duchamp y fréquente les milieux artistiques (Fernand Léger, Constantin Brancusi, Francis Picabia). Il connait une période d'inspiration cubiste, mais c'est surtout à la décomposition du mouvement qu'il s'attache comme dans Jeune homme triste dans un train vu la semaine dernière et Nu descendant un escalier.

Nu descendant un escalier, n° 2, 1912,
huile sur toile, 146 x 89 cm,
Philadelphia Museum of Arts


Ses recherches sont alors directement inspirées de la technique de la chronophotographie développée en France par Etienne Jules Marey ou aux Etats-Unis par le photographe d'origine anglaise Edward Muybridge et rapprochent ses compositions des futuristes italiens.

En 1912, le Nu descendant un escalier, jugé trop futuriste est refusé au salon des indépendants par ses amis cubistes. L'année suivante, il est exposé à l'Armory show à New York et contribue à faire reconnaitre Marcel Duchamp comme le représentant de l'avant-garde artistique française.

A partir de 1913, il crée ses premiers ready-made qu'il développera ensuite à New York où il s'installe en 1915. Il s'y liera d'amitié avec le photographe Man Ray, avec qui il créera une société destinée à diffuser l'art contemporain de son époque (de Picasso à Brancusi). Partageant son temps entre Paris et New York, il fréquentera les milieux dada, puis les surréalistes (André Breton) réfugiés à New York en 1942.

Nous avons poursuivi avec des oeuvres de 1911 à 1922, dans lesquelles nous voyons apparaitre des thèmes récurrents qui serviront plus tard dans ses grandes compositions auxquelles il se consacrera plusieurs années durant.
Neuf moules malic, 1914-15,
huile, fil à plomb, feuille de plomb, verre, 66 x 101,2 cm,
Milan coll. Arturo Schwarz,

Autres oeuvres vues :

- Yvonne et Magdeleine déchiquetées, 1911, huile sur toile, 60 x 73 cm, Philad. Mus. of Arts,
- Moulin à café, 1911, huile sur carton, 33 x 12 cm, Rio de Janeiro, coll. Mme Robin Jones,
- Le roi et la reine entourés de nus vites, 1912, huile sur toile, 114,5 x 128,5 cm,
Philadelphia Museum of Arts,

- Mariée, 1912, huile sur toile, 89,5 x 55,25 cm, Philadelphia Museum of Arts,
- Le roi et la reine traversés par des nus vites, 1912, crayon sur papier, 27,3 x 39 cm,
Philadelphia Museum of Arts,
- L.H.O.O.Q., 1919, crayon sur repro Joconde, 19,7 x 12,4 cm, Philadelphia Museum of Arts,
- Vous pour moi ? 1922, étiquettes de valise imprimées pour Rrose Sélavy, 6 x 12 cm,
Yale University,





La mariée mise à nu par les célibataires, 1912,
crayons et lavis sur papier,

23,8 x 32,1 cm, Paris, Centre Pompidou,






Broyeuse de chocolat, n° 2,

1914, huile et fils sur toile,
65 x 54 cm, Philadelphia Museum of Arts



dimanche 3 décembre 2006

Visite de l'exposition de Françoise Pérès


Résurgences, peintures-sculptures


Nous étions accueillis à l’espace Louis Feuillade à Lunel
le vendredi 20 octobre à 19 h 30 pour une visite privée de l’exposition en présence de l’artiste.



Résurgence végétale.
Technique mixte, 122 x 121 cm.

Ni tout à fait peintures, ni à proprement parler sculptures, les peintures-sculptures dont se revendique Françoise Pérès se présentent comme des tableaux habités par des tensions multiples : tension de la surface animée d'un bouillonnement sous-jacent qui vient en rompre l'unité, surface percée cédant sous des poussées émergeantes impossibles à contenir, et qui éclate en autant de fissures, sillons et crevasses, tension du format lui-même débordé, tension de la toile tendue lorsque, d'une courbure, elle s'enroule, se dresse, se cambre, plie et se cintre pour se figer en une ultime torsion.

C'est une lutte féroce que livre ici l'artiste aux matériaux dans une confrontation totale d'où surgissent ses matières à réflexions. Et c'est avec une jubilation paradoxale, dans la dualité amour-haine, souffrance-plaisir, que l'artiste s'accomplit à travers un investissement à la fois physique et intellectuel dans ce qu'il a de plus absolu, pour composer avec les formes, les matières, les matériaux et les couleurs, maniant autant scie et perceuse que colle, sciure, fibre de verre et peinture.

Le combat est interminable, la quête éternelle. Ils nous convient à pénéter dans l'intime.

Bien sûr, ici ou là, par d'astucieuses mises en abîmes, c'est aussi, de références en citations, l'art du 20è siècle bouleversé qui est convoqué, et avec lui le fait que l'idée prévaut sur la création, emprunté à l'univers duchampien, dans la pleine affirmation de l'art comme "cosa mentale".

Pourtant, c'est bien à un voyage dans l'intime qu'invitent ses résurgences.

"Les choses ne sont pas difficiles à faire, ce qui est difficile c'est de nous mettre en état de les faire" disait Constantin Brancusi.

Dans ce qu'elle donne à voir, c'est son rapport au monde que livre l'artiste. Résurgence, comme réapparition à l'air libre de ce qui a besoin de resurgir pour ne pas étouffer, comme le feu qui couve sous la cendre. Résurgence, sous la forme d'une source, d'une nappe d'eau ou d'une rivière souterraine. ("L'eau coulait toujours, limpide et musicale". Marcel Pagnol. Manon des sources). L'eau qui menace lorsqu'elle déferle puissante et impétueuse, mais aussi l'eau nourricière, l'eau qui donne vie, l'eau à l'image de la vie, comme dans ses images récurrentes de la coupe et du sein, nourricières mais aussi hypnotiques.

Françoise Pérès
Crédit-Photo, Pierre Salles. 2006


Résurgence ... ou resurgir, réapparaître, ressusciter, renaître, res(pirer)d'urgence ?

Que dire de ces peintures-sculptures, pétries d'un univers intime, sans dénaturer ni trahir, en évitant comme l'énonçait Erwin Panofski de "gommer l'iconicité au profit des significations". Pourquoi vouloir à tout prix tout décrypter, et s'il n'y avait finalement pas d'autre chose à y voir que ce qui est ou ce qui n'est pas, ou bien ce qui n'est plus, une fois le travail de transformation élaboré ... mais qui n'est plus, pour renaître sous une autre forme.

Nature contre culture. C'est dans l'espace intersticiel entre deux états que nous transportent les oeuvres énigmatiques de Françoise Pérès : solide-liquide, minéral-vivant, dessus-dessous, temporel-intemporel, charnel-spirituel, avec des puissances qui émergent, resurgissent et finissent par s'imposer.

Nature contre culture. Dualité de l'humanité socialisée. L'être fait de pulsions et de désirs mais contenus et domestiqués sous le corps social construit à force de convenances et de nécessités. Pourtant, un corps-peau, qui comme la toile de ses tableaux ne parvient pas à contenir le fleuve impétueux des pulsions. La création participe de la sublimation. Elle intervient comme une fracture dans l'ordre établi des choses. Elle est déchirure. Elle répond à un appel qui claque comme l'éclair. Elle est révélation. Mais comme l'extrême brièveté de l'éclair, la fulgurance de la révélation peut s'évanouir dans la fragilité de son surgissement.

Comme un retour aux sources d'elle-même, c'est dans "l'unicité de sa temporalité, et de sa solitude sans voisinage" que Françoise Perès livre sa production, "au-delà, comme le dirait Henri Maldiney*, de toute intentionalité ou tout projet auxquels l'oeuvre devrait se plier" pour "s'ouvrir à l'ouvert qui seul donne" et pour "apparaître dans sa vérité, dans la nudité de la naissance."
A. R.
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* L'éclair de l'être. Editions Comp'Act, Chambéry 2003.

L'exposition était accompagnée du texte de Jackie Andrès reproduit ci-après.

Venir voir …

Voir

Coupe, sein sont donnés en pâture à l’œil

Contemplation, catharsis

L’œil se repose du regard

Fascination

Miracle du tableau, né d’une multitude de touches, de butées...

Le regard achoppe

Limite de la toile

Fermeté du trait dessinant la coupe, le sein...

C’est ouvert, percé; ça fuit

Le regard échappe

Hors champ

Restaurer l’étayage originel... Miroir!

Jubilation... Leurre

Dénonciation

La toile nous reconvoque:

La matière avance, la perspective s’efface

Déséquilibre

Un sein surgit... Trompe-l’œil

Piège à regard

RESURGENCE

Désillusion

Traiter avec le mythe de la plénitude, du sein maternel

Contenir le manque... Composer avec la perte

Représenter l’irreprésentable

Cristalliser le vide

Vase troué... vaine alchimie!

Re-présenter

Exigence de vie

Suivre le fil et scander

Mise en tension, rupture de sens

Drame

Subversions picturales

Saisissements interprétatifs

Regards domptés

Tentative perpétuelle de figuration du vide...

Deuils successifs

Transformation au long cours

Métamorphose...

REGENERESCENCE

Jackie Andrès